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Handicap : Apprendre la bureautique en langue des signes

 

La montée en compétences sur les outils informatiques constitue un enjeu de société, y compris pour les personnes souffrant de handicap. Mais comment se déroulent ces formations pas comme les autres ? Nous avons posé la question à ceux qui les rendent possibles.

 

« L’objectif est de restituer tout ce à quoi une personne entendante aurait accès »

Parmi les dizaines de formations qui se déroulent ce jour-là, la session Word Initiation de 2 jours animée par notre formatrice Gilda est quelque peu particulière. En effet, elle a face à elle un public de sourds et malentendants.  A ses côtés, deux interprètes assurent la traduction en langue des signes pour les 9 participants. Leur mission : retranscrire le contenu pédagogique mais pas seulement. Audrey et Schéhérazade doivent aussi restituer l’ambiance générale, les bruits environnants et les diverses émotions qui peuvent survenir : « Le langage des signes est une interprétation simultanée nous permettant de passer d’une langue à l’autre comme on le ferait pour n’importe quelle langue vocale, explique Schéhérazade. La seule différence est qu’il s’agit d’une langue visuelle. Notre rôle d’interprète est de traduire dans les deux sens tout ce qui se passe en restant le plus transparent possible, comme s’il n’y avait pas d’intermédiaire. L’objectif est de restituer tout ce à quoi une personne entendante aurait accès grâce à cette communication visio-gestuelle. »  

S’ils sont garants de la qualité des échanges, les interprètes n’ont pas pour rôle d’assister les stagiaires dans leur apprentissage. Ils peuvent attirer leur attention sur un élément important en allumant et éteignant la lumière lorsqu’ils se dissipent par exemple, mais le formateur est le seul responsable de l’animation. Pour cela, et contrairement aux traducteurs qui doivent être titulaires d’un master en langage des signes, ce dernier doit surtout se montrer plus attentif aux besoins des participants. Thierry, qui a animé un stage en bureautique pour un public mixte (8 entendants et 1 mal entendant) en novembre dernier, décrit sa formation comme assez similaire aux sessions classiques : « J’avais tendance à ralentir mon rythme pour attendre l’interprète mais elle m’a rapidement expliqué que ce n’était pas nécessaire et que c’était à elle de s’adapter. Le reste du groupe a joué le jeu et la formation s’est très bien passée ». En revanche, pour Gilda dont le public était exclusivement sourd et malentendant, la pédagogie a dû être adaptée : « Mes stagiaires étaient particulièrement attentifs et motivés mais aussi plus sensibles à l’échec. Ils avaient donc besoin d’attention et de bienveillance, raconte-t-elle. Je vérifiais régulièrement la bonne compréhension du sujet et utilisais surtout des vidéos et des visuels. La traduction en langues des signes a cependant ralenti la progression pédagogique donc je pense que l’idéal est de constituer de petits groupes ou de prévoir une journée supplémentaire. »

Traduire le langage informatique

La langue des signes permet-elle de restituer fidèlement tout le vocabulaire informatique ? Oui, selon nos deux interprètes, grâce notamment à son caractère évolutif qui lui permet de s’enrichir sans cesse de nouveaux codes et néologismes: « Entre 1880 et 1980, ce mode de communication a été interdit en même temps que les langues régionales pour promouvoir le français comme seule langue officielle, précise Schéhérazade. A cause de cela, il a pris du retard et n’a pas suivi toutes les évolutions de la société ». Pas de quoi empêcher la traduction correcte de termes récents précise Audrey, « Nos techniques d’interprétation nous permettent de ne pas rester bloqués sur un mot en particulier. On crée parfois de nouveaux codes avec des apprenants pendant la formation. Il arrive aussi qu’un participant déjà avancé sur un outil utilise des signes que l’on ne maîtrise pas encore, s’amuse-t-elle, rien n’est figé. »

Quoi qu’il en soit, les traducteurs n’hésitent pas à marquer un arrêt si le rythme est trop rapide ou s’ils éprouvent une difficulté avec une notion.

Et les stagiaires dans tout ça ? Les 9 apprenants sourds et malentendants de la session Word ont apprécié l’homogénéité de leur groupe qui leur a permis d’être plus sereins et de ne pas se confronter au jugement des autres. En parallèle, l’environnement pédagogique a été correctement adapté à leurs besoins.

Vous souhaitez organiser une formation ? Notre référente handicap Géraldine Pellerin vous accompagne au 01.56.59.33.00.

 

Crédits photos: Freepik.com

 

 

 

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