01 56 59 33 00
united-kingdom

MBSE : « Nos systèmes sont devenus trop complexes pour le cerveau humain »

 

Responsable de la practice MBSE au sein du groupe SII pendant trois ans, Bernard Rygaert nous livre son regard sur les enjeux du Model Based System Engineering en France.

Qu’est-ce que le MBSE  ?

C’est une solution qui vise à rendre le travail de conception d’un système plus efficace. Que l’on soit constructeur automobile ou fabricant de machines à café, ce type d’ingénierie permet de répondre à la même question: comment fabriquer des produits de manière plus efficace ?

Qu’est-ce qui rend le MBSE incontournable aujourd’hui ?

La complexité des systèmes qui ne cesse de se renforcer depuis trente ans. Depuis l’avènement des ordinateurs, elle est multipliée par deux tous les deux ans. Lorsque vous régulez un chauffage central à partir d’un système sans avoir à l’allumer ou à l’éteindre manuellement, c’est grâce au MBSE. Même chose avec les voitures. Lorsque l’on a compris qu’une certaine quantité d’essence n’était pas brulée et pouvait être économisée, on a développé des systèmes de pilotage spécifiques afin de réguler cette consommation et pallier l’augmentation du prix à la pompe. C’est tout l’intérêt de ce modèle. Je pourrais aussi prendre l’exemple du Grand Paris. Imaginez devoir examiner en simultané les paramètres liés aux trains, aux locomotives et aux wagons, et ajoutez à cela les rails sur lesquels ils transitent, les systèmes de signalisation qui rendent leur circulation possible, les personnes qui voyagent dans ces gares, et la détection de fumée dans chaque station ! Appréhender une telle complexité dépasse largement la capacité intellectuelle d’un individu. Avec le MBSE, on peut isoler efficacement les éléments nécessaires à un collaborateur, et le décharger du reste.

Quels sont les secteurs concernés ?

Cela concerne tout le monde. Pour l’heure, l’IT des entreprises est le dernier service à ne pas l’avoir intégré et c’est bien dommage. Cela leur permettrait par exemple de concevoir plus facilement des sites web de vente de matériel électronique ou de contrats bancaires. En optimisant la coordination de systèmes complexes, le MBSE permet en plus de diviser les coûts de manière drastique, ce que beaucoup ont du mal à croire.

Pourquoi certains rechignent-ils encore à l’adopter ?

Parce que les changements engendrés par cette approche sont considérables. Il faut parfois accepter de faire table rase du passé et repartir d’une feuille blanche. On se heurtent donc à des résistances d’ordre politique, scientifique ou méthodologique. C’est pourtant bien l’approche MBSE qui a fait de Tesla le leader mondial sur le marché de la voiture électrique. Ils n’ont pas hésité à repartir de zéro. Par habitude, certains pensent également ne pas en avoir besoin ou pouvoir s’en sortir par eux-mêmes après un accompagnement sommaire. Ils se contentent de formations MBSE de 5 jours pour 100 personnes quand il leur faudrait un plan de changement sur dix ans. Tout cela ne serait pas problématique si parmi ces entreprises, un grand nombre ne finissaient pas par fermer.

Quel est votre rôle concret en tant que consultant MBSE ?

J’aide les entreprises à mettre en place un MBSE efficace. Mon intervention est toutefois circonscrite au degré d’ouverture de mes interlocuteurs face au changement. Je n’ai pas toujours de grandes marges de manœuvre et je dois opérer malgré ces contraintes. Mon ambition est de dire au PDG que l’on va pouvoir diviser par deux ses coûts de développement sur les 5 prochaines années, tout en sachant qu’en réalité, l’économie sera bien supérieure. Le problème ne vient pas d’un manque d’intelligence mais des méthodes de travail et des outils utilisés. Je côtoie des directeurs, des responsables de départements ou des ingénieurs avec des capacités techniques et un pouvoir décisionnel assez différents ainsi que des habitudes bien ancrées. Pour cette raison, réussir la conduite du changement est l’étape la plus difficile de mon intervention. Une fois validée, ma mission peut consister à accompagner un ingénieur méthode une journée par mois pendant dix ans. A titre d’exemple, un client a fait appel à moi lorsque la dernière version de son produit s’est révélée incompatible avec les systèmes antérieurs. Il ne pouvait plus modifier d’éléments sans faire bugger l’ensemble. Je lui ai proposé de repartir de zéro. Ce qui équivalait à trois ans de travail et une quarantaine de journées de consulting. Il m’a donné son accord et cela lui a permis de passer de la 4ème marche du podium à la 1ère et de générer non plus 1, mais 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

A qui s’adressent les formations MBSE ?

Aux ingénieurs mais plus largement aux esprits logiques et rationnels qu’ils soient mathématiciens, physiciens, philosophes ou biologistes. Les connaissances scientifiques rendent tout de même la marche moins haute.

A quoi ressemble une formation MBSE ?

Le format varie. Je peux intervenir pour une journée de consulting ou animer un parcours éducatif de 80 jours pour des personnes en reconversion. Je donnerai par exemple le mois prochain une série de formations MBSE SysML Rhapsody à destination d’un client de SII Learning. Les sessions seront consacrées à la présentation du MBSE, à la gestion des modèles et des exigences, à leur vérification ou encore à leur traçabilité. Après 25 années en tant que formateur, je continue de croire que menée à bien, cette approche reste la plus efficace face aux enjeux d’aujourd’hui.

 

Vous souhaitez en savoir plus sur notre offre de formation en MBSE ? Contactez-nous au 01.53.66.33.91.

 

Que cherchez-vous ?