Si la programmation a le grand avantage d’automatiser les tâches et de faire gagner du temps, l’opacité de ses lignes de script combinée à la pénurie de développeurs pourraient faire du no code un acteur clé de la transition numérique en France.
Toujours incontournable pour réaliser des développements complexes et sécurisés, la programmation traditionnelle et ses langages réservés aux initiés pourraient enregistrer un recul assez net en France. En effet, de plus en plus d’entreprises s’en détournent au profil du no code/low code (littéralement sans code/peu de code) pour développer des applications métier spécifiques (CRM et ERP) et automatiser leurs tâches. Faibles coûts, rapidité, accessibilité, le no code présente des avantages multiples. Ce marché a d’ailleurs augmenté de 22,6 % entre 2020 et 2021. Selon Gartner, 70 % des nouveaux logiciels de gestion d’entreprise seront développés en no code à horizon 2025 dans le monde.
Pourquoi un tel décrochage ?
Au commencement était le code: technique, complexe, nécessitant 3 à 5 années d’études et donc chasse gardée de programmeurs aguerris. Ce type de développement informatique long et onéreux a poussé les start-up et certaines entreprises à opter pour le no code/low code et à troquer les langages abscons de type Python, C# ou C++ pour des solutions intégrées accessibles à tous.
Arrivé à maturité, le no code/low code sert aujourd’hui à automatiser les actions (Power Automate), créer et gérer des bases de données, créer des applications en lien avec ces données (Zapier), créer des sites internet (WordPress) et des applis mobiles (Power Apps), analyser des données marketing, etc. Le tout avec des compétences minimes. Une aubaine quand on sait qu’il manque 8000 développeurs en France.
Au-delà de son inclusivité, la grande nouveauté du no code est sa capacité à partir non plus de l’outil vers l’entreprise, mais bien des spécificités métier au produit. De cette manière, l’implication de l’utilisateur final cumulé au caractère intuitif des environnements aboutit à une parfaite correspondance avec le besoin réel. Les délais d’attente des services IT souvent jugés trop longs disparaissent également.
Selon Gartner, le no code/low code s’inscrit dans une tendance de démocratisation numérique: « Les services technologiques du futur seront assemblés et composés par les personnes qui les utilisent réellement », prévoit le spécialiste du conseil qui table sur une croissance rapide de l’hyper automatisation ces trois prochaines années, aussi bien en termes de déploiement que d’investissement. Au niveau mondial, le marché des plateformes d’applications low code pourrait ainsi générer 5,8 milliards de dollars.
No code/low code: mode d’emploi
Un tel virage technologique n’est pas sans soulever quelques questions d’ordre pratique pour les entreprises. Quid de la conformité par exemple ? Ces nouvelles applications métier doivent en effet répondre aux normes de cybersécurité et de RGPD. Ce qui implique de travailler en lien avec la DSI afin de maintenir un niveau de sécurité cohérent et de garantir une bonne intégration avec l’environnement numérique existant. Quid également du respect de la charte graphique si l’on supprime le travail en silos ? Deux nécessités s’imposent donc pour réussir cette transition technologique: assurer une bonne transmission de l’information pour que ce décloisonnement n’entraine pas d’erreurs ou de doublons (newsletters, webinar), et recourir systématiquement à la formation pour simplifier la prise en main de ces nouveaux outils de gestion par l’ensemble des collaborateurs.